BRUXELLES/ISLAMABAD – Sur 10 Février 2021, le député européen Peter Van Dalen, membre néerlandais du Parlement européen et coprésident de l'intergroupe sur la liberté de religion ou de croyance a adressé une question écrite à Josep Borrell au sujet du statut privilégié SPG+ accordé au Pakistan et toujours en vigueur malgré ses droits humains flagrants infractions.
On Avril 29, le Parlement européen a adopté une résolution pour exprimer sa profonde préoccupation concernant l'utilisation abusive des lois sur le blasphème et la sécurité des minorités religieuses au Pakistan.
Ces derniers mois, un certain nombre d'ONG à Bruxelles ont organisé des événements pour partager leurs préoccupations concernant les violations graves des droits de l'homme au Pakistan : l'abus des lois sur le blasphème, la non-poursuite des auteurs de fausses déclarations de blasphème, le non-respect de la présomption d'innocence en cas d'accusations de blasphème et d'abus de la détention provisoire, l'insécurité pour les minorités religieuses et ethniques, les enlèvements de jeunes filles chrétiennes et les conversions forcées et la peine de mort.
On 3-4 Novembre, la délégation du Parlement européen pour les relations avec l'Asie du Sud a effectué une visite officielle à Islamabad. La délégation européenne était composée du président M. Nicola PROCACCINI (Italie, ECR), Mme Heidi HAUTALA (Finlande, Verts, Vice-Président du Parlement européen), M. Luis GARICANO (Espagne, Renouveler), et M. Tomáš ZDECHOVSKÝ (Tchéquie, PPE).
Human Rights Without Frontiers (HRWF) a interviewé M. Tomáš ZDECHOVSKÝ au sujet de sa visite au Pakistan :
HRWF : D'après vos discussions avec un large éventail d'autorités pakistanaises, avez-vous le sentiment qu'il existe une réelle volonté politique de lutter contre un certain nombre de violations de la droits de l'homme concernant les lois sur le blasphème, la sécurité des minorités religieuses et ethniques, les enlèvements de jeunes filles chrétiennes et les conversions forcées, les conversions forcées de mineurs ou la peine de mort.
Le député européen Tomas Zdechovsky : Les problèmes viennent des extrémistes de l'islam radical. Il s'agit d'un groupe puissant qui, malheureusement, exerce encore une influence considérable et fait pression sur les institutions, notamment les tribunaux, pour imposer les sanctions les plus sévères possibles pour les accusations de blasphème.
La vérité est, cependant, que le gouvernement actuel du Premier ministre Imran Khan a pris des mesures partielles pour améliorer la liberté religieuse et fait des efforts pour améliorer la situation des groupes minoritaires. La bonne nouvelle est, par exemple, le succès dans le cas mondialement connu d'une femme chrétienne appelée Asia Bibi. Elle a été initialement condamnée à mort mais finalement, sa libération a été obtenue. Elle et sa famille ont été autorisées à voyager au Canada.
Suite à sa libération, un comité interministériel sur la tolérance religieuse a également été mis en place. C'est précisément sur la question de la position des chrétiens et des autres minorités religieuses dans la société pakistanaise que je vois un énorme champ d'amélioration.
HRWF : Quel est l'état d'avancement du travail parlementaire au Pakistan pour améliorer la législation sur certaines de ces questions ? Quels sont les obstacles ? Qui s'oppose à de tels progrès au parlement pakistanais ?
Le député européen Tomas Zdechovsky : Comme je l'ai indiqué dans ma réponse précédente, l'actuel parti politique au pouvoir, Pakistan Tehreek-e-Insaf (Mouvement pakistanais pour la justice) a pris des mesures partielles pour améliorer le statut des minorités religieuses et la situation générale des droits humains dans le pays. Ces efforts se heurtent également à l'opposition des islamistes radicaux au niveau parlementaire. Au Parlement pakistanais, c'est particulièrement le cas avec le parti islamiste relativement petit Tehreek-e-Labbaik Pakistan, connu pour, entre autres, avoir tenté d'empêcher la libération de la femme chrétienne susmentionnée nommée Asia Bibi.
HRWF : La violence collective contre les minorités religieuses est une véritable source de préoccupation. Cette question et la question de l'extrémisme ont-elles été abordées lors de vos réunions ? Quelle est votre évaluation de la situation?
Le député européen Tomas Zdechovsky : Oui, la question de la violence contre les minorités religieuses a également été abordée lors de notre mission. Je continuerai à soutenir tous les efforts dans les domaines où des actions plus concrètes sont nécessaires, tels que les droits de l'homme – en particulier, les lois sur le blasphème et les droits des minorités religieuses. La persécution des chrétiens au Pakistan est un problème que je traite depuis longtemps.
HRWF : Après cette visite au Pakistan, que proposerez-vous à votre groupe politique concernant le statut SPG+ du Pakistan ?
Le député européen Tomas Zdechovsky : Tout d'abord, il convient de rappeler que le Pakistan est l'un des acteurs importants sur la scène internationale qui ne peut certainement pas être ignoré. L'UE souhaite rester un partenaire fiable pour le Pakistan, pas seulement dans le domaine économique. Dans le même temps, cependant, il s'attend à ce que cela ne se fasse pas sans l'adoption de conventions traitant des conditions des enfants, des travailleurs et des minorités, qui est une condition nécessaire pour l'inclusion dans le système SPG+ permettant un accès plus facile au marché européen.
Le Pakistan, lui aussi, est bien conscient de l'importance des relations avec l'UE et a montré sa volonté de prendre des mesures pour améliorer ces questions. Lors de la visite, nous avons été informés, entre autres, que le Pakistan s'était engagé sur les six conventions liées au système SPG+, ce dont je me félicite bien entendu. Si le Pakistan poursuit ses efforts, il mérite certainement d'être soutenu pour la poursuite du SPG+. La Commission européenne a déjà une proposition sur la table pour une conférence SPG+ après 2023.