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Tuesday, Avril 23, 2024
OpinionOù je ne pense pas, je suis pensé

Où je ne pense pas, je suis pensé

Antoine Fratini Psychanalyste, psychanimiste, onirologue, formateur en communication. Président de l'association internationale de psychanalyse laïque https://psychanalyselaique.wordpress.com/ Coordinatrice de l'Association Nature & Psyché https://naturaepsiche.jimdofree.com/ Membre de l'Académie interdisciplinaire européenne des sciences Membre de l'Académie des Sciences de New York Blog français : https://psychoanimisme.wordpress.com/

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Auteur invité
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Antoine Fratini Psychanalyste, psychanimiste, onirologue, formateur en communication. Président de l'association internationale de psychanalyse laïque https://psychanalyselaique.wordpress.com/ Coordinatrice de l'Association Nature & Psyché https://naturaepsiche.jimdofree.com/ Membre de l'Académie interdisciplinaire européenne des sciences Membre de l'Académie des Sciences de New York Blog français : https://psychoanimisme.wordpress.com/

La culture s'adresse à l'intelligence… mais celle-ci ne l'écoute pas forcément. Or, se passer de la réflexion réflexive est un luxe qui se paye généralement très cher, car c'est bien une erreur qui transforme l'individu en automate. Vu sous cet angle, le cogito cartésien « je pense, donc je suis » tant décrié dans la modernité est toujours d'actualité. En effet, sans oublier que d'un point de vue psychanalytique je ne peux être que là où mon "je" ne pense pas (dans un symptôme, un rêve, un acte manqué...), d'un autre point de vue, plus psychanimiste, là où je ne pense pas pense que je suis pensé. Inévitablement. Je suis pensé par ce « grand autre grand » qu'est le système avec ses médias toujours plus envahissants qui me plongent dans un bain d'eau constant d'« informations » semblable à l'hypnose collective.

L'illusion d'une alternative dont le discours politique est le paradigme le montre parfaitement : Droite ou Gauche, pour ou contre, oui ou non… Un choix véritablement personnel reste ardu. Pourtant, c'est ce même discours qui attire le public et qui prime dans tout forum politico-médiatique. Bref, ceux qui se croient libres tout en se passant de réflexion ou en ne s'intéressant qu'aux questions (apparemment) plus concrètes, oublient que le matérialisme est aussi une idéologie et en sont certainement réduits à être une sorte de neurone du système. Il suffit d'un clin d'œil pour passer du penseur à la pensée.

Inculture et arrogance, bonjour les dégâts

Mais quel est le lien entre la prévenance et la non-éducation ? Si nous comprenons ce dernier comme synonyme d'ignorance, pas de problème car nous sommes tous plus ou moins (énormément) ignorants. Se savoir ignorant, selon les préceptes de la savante ignorance de Nicolas de Cues, c'est se donner la possibilité d'apprendre, de se cultiver, d'avancer. C'est, paradoxalement, la base de toute sagesse. Ce qui gâche les choses, c'est ce mélange hautement instable et dangereux d'ignorance et d'arrogance, la bêtise étant le glissement de l'ignorance à la présomption de savoir. L'ouverture d'esprit est toujours ce qui sauve d'une impasse et la mesure de précaution qui empêche cette bombe de bêtise qu'est trop souvent l'être humain de faire des dégâts. Voici une petite illustration. Imaginons le cas d'un bricoleur en herbe qui ne sait pas se servir d'un marteau et qui enfonce des clous avec une pince depuis des années. Imaginez maintenant qu'un ami lui parle de l'existence du marteau. Il s'agit bien sûr d'une situation simplifiée, mais en réalité, c'est une situation assez courante.

Il y a fort à parier que notre bricoleur, victime d'un certain mésonéisme, résistera au changement d'outils car même s'il se tape parfois les doigts et tord les ongles, il juge ses connaissances satisfaisantes. Sa devise pourrait être :

« Je sais, donc je suis » !

Transposés au niveau intellectuel, pinces et marteaux renvoient métaphoriquement à des instruments de pensée, à des paradigmes, et plus nous en savons sur ces instruments, plus nos interprétations de l'homme et du monde peuvent être pertinentes, voire convaincantes.

Par exemple, les concepts psychanalytiques d'inconscient, d'archétype, de sublimation et de pulsion sont sans aucun doute une grave perte pour tout intellectuel, psychanalyste ou non.

Autrement dit, la pensée réflexive et tous les types d'intelligence possibles (le psychologue américain H. Gardner en compte jusqu'à sept) sont des fonctions psychiques complexes, propres à chacun, mais dépourvues de culture elles ne se réalisent pas forcément.

Au contraire, enrichis de tout un éventail d'idées, de notions, de concepts, de théories, etc., ils sont capables d'exprimer au mieux la personnalité de chacun et d'en faciliter la réalisation. S'il existe une véritable pensée authentique, personnelle à chacun, « différenciée » pour reprendre un terme jungien, c'est en grande partie grâce aux possibilités que représente la richesse des clés de lecture appartenant à notre patrimoine culturel. Les fanatiques religieux, par exemple, croient à la possibilité d'une lecture unique, littérale, non herméneutique des textes sacrés, qui ne favorise en rien le développement de leur intelligence. Au contraire, ceux qui pratiquent l'art de l'interprétation, comme les cabalistes, voient leurs capacités intellectuelles augmenter.

Tout en contribuant à l'intelligence, la culture n'empêche pas la bêtise

Bien sûr, les amateurs de méditation pourraient objecter que l'homme est généralement trop mental et que penser complique souvent l'existence plus qu'il ne la facilite. Vrai. Penser a un côté obsessionnel qu'il est toujours bon de réduire. Le psychanalyste, pour sa part, pourrait voir dans ce qui relève de la désignation de « culture » le produit d'un « je » constamment aliéné dans ses discours. Vrai aussi. Les intellectuels se racontent autant d'histoires que les enfants, même si leur discours est plus savant et semble plus sérieux.

Mais le problème n'est pas l'opposition entre penser et ne pas penser ou entre penser et agir. C'est la richesse, c'est-à-dire la qualité de la pensée qui compte. Même la plus extravertie, pour ne pas dire superficielle, une personne peut trouver dans la culture le matériel et les outils nécessaires pour aiguiser sa pensée et former une pensée différenciée, qui ne soit pas une simple répétition de ce qu'elle a entendu ou appris par cœur. Sans nécessairement adhérer à aucun système ou théorie.

Les grands philosophes, surtout les Français avant la Révolution, étaient fondamentalement des libres penseurs plutôt que des théoriciens. Nous revenons donc au thème de ce(s) Rebelle(s), car c'est précisément le degré de culture (ou son absence) qui, dans de nombreuses situations, peut réellement faire la différence.

Peut-on dire que la bêtise est inversement proportionnelle au degré de culture ? Absolument pas. Les gens sont intelligents quel que soit leur niveau de culture, seulement ils en sont limités. Ils font preuve, comme on dit, d'une intelligence de vie, d'un savoir-faire relationnel et social, d'une saine curiosité. Ce qui est peut-être le principal. Et n'oublions pas que toute la culture du monde, sans une bonne éducation, n'empêche pas le « petit tyran tout-puissant » de sortir encore et encore sa jolie tête.

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