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EuropeViolences institutionnelles : quand les mères protectrices deviennent victimes du système

Violences institutionnelles : quand les mères protectrices deviennent victimes du système

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Sarah Thierrée
Sarah Thierrée
Sarah Thierrée, professeure associée de psychologie clinique et médico-légale à la NEU (Near-East University), est également experte auprès de la Cour pénale internationale, spécialisée dans les violences institutionnelles.

Dans le labyrinthe des tribunaux de la famille, un paradoxe effrayant persiste : les mères, dont le courage doit être salué pour dénoncer les abus subis par leurs enfants, se retrouvent souvent exposées à une violence institutionnelle paroxystique. Ces femmes, souvent qualifiées de « mères protectrices », voient leur rôle de parents protecteurs déformé et leurs droits restreints par des institutions censées garantir la justice et la sécurité. Mais comment des processus conçus pour protéger peuvent-ils parfois reproduire les mécanismes mêmes de la maltraitance qu’ils sont censés combattre – voire en générer de nouveaux ?

Une réalité intolérable et systémique

En France, selon la Commission indépendante sur l'inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (CIIVISE), près de 160,000 81 enfants sont victimes de violences sexuelles chaque année. Parmi eux, une majorité stupéfiante (76 %) subit des abus au sein de leur famille proche. Cette réalité déjà effroyable devient encore plus troublante lorsqu'elle est éclairée par les témoignages de mères protectrices. Dans leurs tentatives de dénoncer ces crimes et d'assurer la sécurité de leurs enfants, ces femmes se heurtent à un système judiciaire où XNUMX % des plaintes sont classées sans suite.

L’exemple le plus emblématique est celui de Priscilla Majani, condamnée pour « enlèvement d’enfant » après avoir tenté de protéger sa fille d’un père accusé d’abus sexuel. Son histoire met en lumière l’impasse tragique à laquelle sont confrontées les mères protectrices : soit elles se conforment aux décisions de justice qu’elles jugent dangereuses pour leurs enfants, soit elles entrent directement en conflit avec la loi.

Une crise européenne : un phénomène généralisé, systémique et institutionnalisé

Spain reflète des mécanismes similaires à ceux observés en France, où les mères qui dénoncent des violences intrafamiliales sont confrontées à des violences institutionnelles. Un récent rapport du Conseil de Europe met en lumière la torture psychologique que subissent ces mères lors des décisions de garde. Le concept de « violence institutionnelle », largement évoqué en France, prend ici une forme concrète. En Espagne, l'application systématique du « syndrome d'aliénation parentale » (SAP) dans les tribunaux aux affaires familiales continue de discréditer les allégations de violences, souvent au détriment de la sécurité des enfants. Bien que explicitement rejeté par les Nations unies, ce concept pseudo-scientifique est toujours utilisé pour justifier les séparations forcées des mères et de leurs enfants.

En Angleterre, une dynamique similaire se dessine. Une enquête menée en 2021 par Women's Aid a révélé que le principe du « contact à tout prix » domine les décisions judiciaires, même lorsque des preuves de violences conjugales sont présentes. Cette priorité accordée au maintien des relations avec les deux parents, quel que soit le risque pour les enfants, reflète un manque de prise en compte des traumatismes dans les procédures judiciaires. De nombreuses familles sont ainsi exposées à des situations dangereuses, perpétuant des cycles de contrôle et de violence.

En Belgique, l’utilisation des concepts d’aliénation parentale devant les tribunaux est également critiquée pour son manque de fondement scientifique. Une étude récente de la Ligue des Familles souligne les dommages causés lorsque ce concept est appliqué sans discernement dans les conflits familiaux. Souvent, il détourne l’attention des véritables abus et place les mères protectrices dans une position précaire, les accusant d’influencer leurs enfants pour qu’ils nuisent au père.

Le Parlement européen a récemment exprimé des inquiétudes similaires quant à l’impact de la violence domestique sur les décisions relatives à la garde des enfants. Il a souligné l’importance de donner la priorité à la sécurité des femmes et des enfants tout en évitant d’utiliser des concepts non validés scientifiquement, comme l’aliénation parentale, pour minimiser ou occulter les cas de violence domestique.

Le recours au syndrome d'aliénation parentale (SAP), bien que scientifiquement discrédité par de nombreuses institutions internationales, reste un outil fréquemment utilisé dans les tribunaux de la famille pour affaiblir les mères protectrices. Développé par Richard Gardner dans les années 1980 sans validation empirique, le SAP repose sur des hypothèses qui occultent la dynamique du pouvoir et de la violence dans les séparations conflictuelles. Il est souvent invoqué pour caractériser les comportements protecteurs des mères comme des tentatives de manipulation de leurs enfants contre le père.

De même, le concept de conflit de loyauté, tel que défini par De Becker, est utilisé pour pathologiser la relation entre un enfant et son parent protecteur, notamment dans les cas de violence intrafamiliale. Cette notion, ancrée dans les théories systémiques des années 1970, manque de validation empirique rigoureuse. Elle tend à réduire l'enfant à une victime passive, ignorant son pouvoir d'action et ses stratégies d'adaptation dans des environnements hostiles. Cette théorie déplace l'attention des origines du comportement de la mère – la violence subie – vers des interprétations qui la tiennent pour responsable du dysfonctionnement familial. Par conséquent, elle stigmatise les victimes comme instigatrices de problèmes relationnels, justifiant des décisions judiciaires qui conduisent souvent à des séparations injustifiées entre les parents maltraités et leurs enfants. Le bien-être psychologique de l'enfant et du parent protecteur, déjà affaibli par la violence, est souvent négligé.

Malgré ses impacts négatifs et son manque de fondement scientifique, cette théorie a été intégrée au référentiel national publié par la Haute Autorité de Santé (HAS), légitimant son utilisation dans les contextes institutionnels et judiciaires. Cela met en évidence le caractère systémique et institutionnalisé de ces dérives et la victimisation secondaire engendrée par les systèmes judiciaires.

Ces concepts, non validés scientifiquement, détournent souvent l'attention des violences subies par les enfants et les parents protecteurs, en se concentrant plutôt sur les allégations d'aliénation ou de manipulation parentale. Ils justifient ainsi des décisions judiciaires limitant les droits des mères et, dans certains cas, le maintien des contacts avec les parents violents. L'utilisation abusive de ces notions conduit à une double victimisation : les enfants sont contraints de vivre des relations dangereuses et les mères sont privées de leur rôle protecteur en raison de jugements biaisés.

La violence institutionnelle : un écho à la violence domestique

La violence institutionnelle fait référence à la dynamique de pouvoir et de contrôle exercée par les institutions au travers de pratiques ou de politiques qui, intentionnellement ou non, invalident le récit des victimes et perpétuent leur traumatisme. Le gaslighting institutionnel, par exemple, décrit un processus dans lequel les expériences des victimes sont systématiquement remises en question ou minimisées, créant un environnement oppressif qui exacerbe la souffrance initiale. Ces mécanismes institutionnels, souvent invisibles, renforcent les schémas de maltraitance déjà présents dans les contextes familiaux.

Des théories controversées, visant souvent les femmes dans le contexte de la protection de l’enfance, gagnent régulièrement du terrain sous couvert de pseudo-psychologie juridique. Ces concepts, dépourvus de validation empirique rigoureuse, acquièrent parfois une légitimité institutionnelle par le biais de processus de reconnaissance arbitraires. Cependant, il est de la responsabilité juridique de l’État de veiller à ce que seules des théories scientifiquement validées soient utilisées dans les décisions affectant les droits fondamentaux. Les victimes de ces pratiques sont encouragées à intenter un recours juridique contre l’État si ces théories non validées causent un préjudice.

Une forme de torture psychologique

Les Nations Unies, dans le cadre de la Convention contre la torture, définissent la torture comme « tout acte par lequel une douleur ou des souffrances aiguës, physiques ou mentales, sont intentionnellement infligées à une personne dans le but notamment d’obtenir des aveux, une punition ou une intimidation ». Selon cette définition, la violence institutionnelle infligée aux mères protectrices s’inscrit dans ce cadre. L’exposition prolongée à des procédures judiciaires complexes, où leurs voix sont discréditées et leurs efforts de protection criminalisés, constitue une forme de torture psychologique.

Des statistiques effrayantes et une impunité généralisée

Malgré l’augmentation constante des signalements de violences sexuelles sur mineurs (qui ont doublé entre 2011 et 2021), les taux de condamnation restent alarmants : 3 % pour les cas d’abus sexuels et seulement 1 % pour les cas d’inceste. Parallèlement, les accusations de manipulation parentale, souvent fondées sur des concepts pseudo-scientifiques tels que le « syndrome d’aliénation parentale » ou les surdiagnostics du syndrome de Münchhausen par procuration, continuent de discréditer les mères et de favoriser les agresseurs. Pourtant, selon une étude du ministère de la Justice de 2001, les fausses accusations ne constituent que 0.8 % des cas.

En Espagne, cette dynamique est exacerbée par des retards structurels dans la mise en œuvre des lois protégeant les victimes de violences intrafamiliales. Des décisions contradictoires et une formation inadéquate des juges contribuent à un climat d’impunité croissant.

Les échecs de la protection de l'enfance : rapports fabriqués et intimidations

L'Aide sociale à l'enfance (ASE), qui a pour vocation de protéger les mineurs en danger, est régulièrement accusée de pratiques abusives qui aggravent la souffrance des mères et des enfants. Des signalements falsifiés ou non vérifiés sont souvent utilisés pour justifier le placement d'enfants en famille d'accueil sans preuve de maltraitance, comme le souligne une déclaration professionnelle publiée sur lenfanceaucoeur.org. Ces signalements conduisent fréquemment à des décisions injustifiées de séparer les enfants de leur famille, favorisant un climat de peur qui dissuade les mères de signaler les abus par crainte de représailles institutionnelles.

Ces graves manquements ont été signalés par la Cour européenne des droits de l’homme. Droits Humains, qui a condamné la France pour son incapacité à protéger les enfants confiés à l’ASE, notamment ceux qui ont subi des violences sexuelles. Ces défaillances institutionnelles, aggravées par un manque de surveillance et de responsabilité, rendent les familles vulnérables à un système censé les protéger.

L’urgence d’une réforme systémique

Face à ces constats alarmants, il est impératif de repenser le fonctionnement des institutions judiciaires et sociales. Plusieurs propositions de réforme émergent :

Formation obligatoire: Tous les professionnels impliqués dans ces dossiers, des juges aux travailleurs sociaux, doivent suivre une formation complète sur la dynamique de la violence intrafamiliale, l’impact des traumatismes et leurs biais cognitifs.

Interdiction du syndrome d’aliénation parentale : L’utilisation de ce concept controversé doit être interdite dans les tribunaux de la famille, conformément aux recommandations des Nations Unies.

Mécanismes de surveillance indépendants : Créer des comités de surveillance indépendants pour examiner les décisions judiciaires dans les affaires impliquant des violences sexuelles contre des mineurs. En outre, pour prévenir les abus institutionnels liés à l’ASE et aux témoins experts, il est essentiel de créer un service d’orientation indépendant. Ce service, accessible en cas d’urgence, serait chargé d’examiner de manière impartiale les rapports et d’intervenir rapidement pour suspendre ou rectifier les décisions qui perpétuent la violence institutionnelle. Une telle structure rétablirait la confiance dans les systèmes de protection de l’enfance tout en préservant les droits fondamentaux des enfants et des parents protecteurs.

Application des pratiques fondées sur des données probantes : Le cadre juridique, censé protéger contre les pratiques néfastes, permet paradoxalement leur prolifération par son laxisme. Malgré des preuves substantielles démontrant des risques accrus d’erreurs et de préjudices associés à l’utilisation de théories non validées, il n’existe aucune obligation explicite de garantir l’application exclusive de méthodes fondées sur des preuves. Légiférer sur le recours obligatoire à des approches scientifiquement validées dans toutes les décisions concernant la protection de l’enfance est essentiel pour réduire les abus et assurer la sécurité des familles.

Une responsabilité collective

Les médias, les institutions et la société ont un rôle crucial à jouer pour mettre fin à cette forme moderne de torture institutionnelle. En brisant le silence et en amplifiant la voix des victimes, nous pouvons faire pression sur les décideurs politiques et exiger des changements profonds.

Dans ce combat pour la justice, chaque voix compte. Protéger les enfants et soutenir les mères qui les défendent doit devenir une priorité absolue. Ensemble, nous pouvons transformer les institutions oppressives en remparts solides contre toutes les formes de violence.

Sources :

Commission indépendante sur l'inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (CIIVISE). (sd). Rapport sur les violences sexuelles faites aux enfants en France. Récupéré de https://www.ciivise.fr

Conseil des Europe. (nd). Protection des droits des enfants dans les décisions des tribunaux de la famille. Récupéré de https://www.coe.int

Women's Aid. (2021). L'impact de la violence domestique sur les cas de contact avec les enfants en Angleterre. Récupéré de https://www.womensaid.org.uk

Ligue des Familles. (2023). L'utilisation du syndrome d'aliénation parentale dans les tribunaux en Belgique : une critique scientifique. Récupéré de https://liguedesfamilles.be

Parlement européen. (2021). Résolution sur l'impact de la violence domestique sur les droits de garde des enfants (2021/2026(INI)). Récupéré de https://www.europarl.europa.eu

Gardner, RA (1985). Syndrome d'aliénation parentale et différence entre les abus sexuels fabriqués et authentiques sur les enfants. Cresskill, NJ : Thérapeutique créative. (Note : Mentionnée comme référence historique mais échangée scientifiquement).

lenfanceaucoeur.org. (sd). Tribune contre les placements abusifs en ASE. Récupéré de https://lenfanceaucoeur.org

Cour européenne des Droits Humains. (2022). Jurisprudence sur les défaillances de la protection de l'enfance en France. Récupéré de https://hudoc.echr.coe.int

Comité des Nations Unies contre la torture. (1984). Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants. Récupéré de https://www.ohchr.org

Haute Autorité de Santé (HAS). (sd). Référentiel national sur la protection de l'enfance. Récupéré de https://www.has-sante.fr

Ministère de la Justice (France). (2001). Étude sur les fausses accusations en matière de violences sexuelles intrafamiliales. Récupéré de https://justice.gouv.fr

Meehl, P. E. (1954). Prédiction clinique et statistique : analyse théorique et examen des preuves. Minneapolis : University of Minnesota Press.

The European Times

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