La tâche principale de la nouvelle Commission européenne est de faire progresser la transition vers l’énergie verte d’une manière qui favorise l’unité et réduit les inégalités sociales, en particulier en Europe centrale et orientale (CEE) – une région particulièrement exposée à la polarisation et à la désinformation climatique.
Écrit par Dana Marekova*, (Klimatická koalícia, Slovaquie) et Genady Kondarev*, Expert basé en Bulgarie travaillant sur la transition énergétique des PECO.
Il y a un an, des dizaines de milliers d’agriculteurs européens sont descendus dans la rue pour protester contre les politiques climatiques de l’UE. Les voix eurosceptiques et d’extrême droite ont gagné du terrain, y compris au Parlement européen. Dans le même temps, la hausse des prix de l’énergie et la détérioration des conditions de logement ont rendu de nombreuses communautés vulnérables à la désinformation, qui sème le doute sur la viabilité de l’environnement. EULes objectifs climatiques de l'UE sont particulièrement évidents en Europe centrale et orientale, où les enjeux d'une transition énergétique juste sont particulièrement élevés.
Les commissaires nouvellement élus pour l'Europe centrale et orientale comprennent mieux que quiconque cette dynamique. C'est pourquoi il est essentiel qu'ils mettent l'accent sur la cohésion sociale et l'inclusion tout en faisant progresser les objectifs climatiques de l'UE. Pacte vert pour l'Europe et votre Fit pour 55 Il est important de définir une trajectoire claire, mais le chemin à parcourir nécessite de l’unité et une attention particulière envers les personnes les plus à risque, en particulier les travailleurs et les ménages en situation précaire.
Un effort d'équipe
Centre et Est Europe Les PECO représentent environ un quart de la population de l'UE, une part importante qui implique à la fois une influence et une responsabilité. Cependant, la région a souvent eu recours au « jeu de la faute de Bruxelles », en rejetant la responsabilité des inefficacités nationales. Ce jeu est terminé : les PECO doivent désormais assurer une absorption plus fluide des fonds, un meilleur effet de levier des financements privés, des opportunités d'investissement pour tous et des politiques progressistes.
Les pays d’Europe centrale et orientale ont un nouveau jeu, plus efficace, qui s’appelle la coopération. Les portefeuilles des commissaires des pays d’Europe centrale et orientale sont étroitement liés, ce qui ouvre la voie à une collaboration efficace. Le travail d’Ekaterina Zaharieva sur la promotion de la recherche et des start-ups complète le mandat de Jozef Síkela visant à établir des partenariats internationaux pour la sécurité énergétique. Piotr Serafin, qui gère le budget de l’UE, a le pouvoir de veiller à ce que les fonds soient utilisés efficacement, notamment pour les initiatives sociales de Roxana Minzatu. Le rôle de Maroš Šefčovič dans le domaine du commerce et de la sécurité économique peut permettre d’aligner les intérêts économiques sur les objectifs climatiques, garantissant ainsi que compétitivité et durabilité aillent de pair. Ensemble, ces dirigeants disposent des outils nécessaires pour façonner une transformation énergétique qui profite à toute la région.
Financer l’unité, pas la division
L’un des principaux défis des commissaires sera de veiller à ce que les fonds de l’UE soient utilisés pour promouvoir la cohésion plutôt que la division. Fonds de transition justeLe Fonds de cohésion, le Fonds social pour le climat et le Fonds social pour le climat ont déjà soutenu des investissements transformateurs dans toute la région. Il est désormais impératif d’étendre ces initiatives de manière stratégique. La simple distribution de liquidités non ciblées risque de compromettre les progrès. Ces fonds doivent plutôt combler la fracture énergétique, en particulier dans les pays d’Europe centrale et orientale qui restent fortement dépendants des combustibles fossiles et manquent d’infrastructures solides en matière d’énergies renouvelables.
Josef Síkela et Piotr Serafin ont un rôle essentiel à jouer pour garantir que les investissements correspondent aux réalités socio-économiques de la région tout en favorisant la durabilité. Dans le même temps, la Commission européenne doit faire respecter la responsabilité, en liant le financement aux engagements en matière d'État de droit. Et surtout, les autorités locales et la société civile, moteurs de longue date de la transition écologique, devraient également avoir davantage voix au chapitre dans l'élaboration de ces mécanismes financiers.
Faire face à la crise du coût de la vie
La crise du coût de la vie, qui ne cesse de s’aggraver, a rendu les enjeux de la transition écologique encore plus importants. La hausse des prix de l’énergie, l’aggravation de la pauvreté et la dégradation des conditions de logement menacent les fondements sociaux nécessaires à une transition énergétique équitable. Roxana Minzatu, qui dirige les efforts du Fonds social pour le climat, joue un rôle essentiel dans le soutien aux ménages à faible revenu, une tâche particulièrement urgente dans les PECO, où la précarité énergétique est souvent plus aiguë que dans le reste de l’UE. Son travail s’inscrit dans le droit fil de la direction de Dan Jørgensen au sein du nouveau groupe de travail pour le logement, qui vise à décarboner le chauffage et la climatisation résidentiels de manière socialement équitable. Ensemble, leurs initiatives peuvent garantir qu’aucune région, en particulier dans les PECO, ne soit laissée pour compte.
L'impératif social des politiques énergétiques de l'UE
Dans le cadre de cette dynamique de transformation, l’UE met également en avant des initiatives telles que le Clean Industrial Deal et le SEQE-2, qui visent à décarboner les industries et à créer des emplois verts. Si ces politiques offrent des opportunités importantes, elles présentent également des risques sociaux et économiques, en particulier pour les PECO. Les nouveaux commissaires doivent donner la priorité à la résolution de ces problèmes. Par exemple, l’accent mis par Ekaterina Zaharieva sur la réduction de la fragmentation dans les secteurs de l’innovation pourrait permettre aux start-ups et aux PME de développer les technologies vertes indispensables à la décarbonation. Pourtant, cette tâche ne relève pas de la compétence de portefeuilles individuels. Un effort unifié est nécessaire pour garantir que ces politiques améliorent les communautés plutôt que d’aggraver les inégalités.
Un avenir vert partagé
La transformation énergétique de l’Europe doit rassembler ses citoyens, et non les éloigner. Pour la région CEE, cela signifie trouver un équilibre entre les impératifs environnementaux et la justice sociale, en veillant à ce que la transition améliore les conditions de travail des travailleurs, renforce les communautés et favorise la cohésion au-delà des frontières. Les nouveaux commissaires CEE ont une occasion unique de mener cette charge, en tirant parti de leurs portefeuilles interconnectés pour aligner les objectifs économiques, sociaux et environnementaux. En donnant la priorité à la coopération et à l’équité, ils peuvent faire en sorte que la transition verte ne devienne pas seulement une nécessité, mais une réussite partagée pour tous. Europe Dans son ensemble, notre rôle, en tant que représentants de la société civile, sera de procéder à un « contrôle de la réalité » permanent, de vérifier si les politiques sont correctement mises en œuvre et d’évaluer leur efficacité. Nous devons également veiller à ce que les institutions européennes tiennent compte des différences entre les États membres et exploitent au mieux leur potentiel. La Commission européenne, qui n’a pas toujours été très active dans la communication des avantages des politiques européennes aux « personnes sur le terrain », devrait se concentrer davantage sur la mise au point de meilleurs outils pour expliquer et même promouvoir les politiques de l’UE auprès des citoyens. Si ces tâches sont bien accomplies, la région CEE peut être une réussite et un moteur de la transition énergétique en Europe.
Les auteurs
Genady Kondarev est un économiste et militant écologiste spécialisé dans les politiques climatiques et énergétiques en Europe centrale et orientale (CEE). Basé à Bulgarie, il apporte plus de 15 ans d’expertise dans l’analyse des stratégies énergétiques nationales et des plans nationaux en matière d’énergie et de climat, plaidant pour leur alignement avec les objectifs de l’Accord de Paris.
Dana Marekova est avocate et militante écologiste, cofondatrice de la Coalition Climat Slovaquie. Depuis plus de 25 ans, elle collabore avec des mouvements populaires et des ONG européennes et internationales sur les questions de climat, d'air pur, de finances publiques, de nucléaire, de transparence et de participation effective.