LAUSANNE, Suisse, 21 mars 2025/ — Kirsty Coventry, première femme africaine et plus jeune candidate, est devenue la dixième présidente du Comité olympique. Certains pourraient arguer que ce résultat était prévisible, puisque Thomas Bach l'avait choisie pour lui succéder. Si le soutien de Bach a joué un rôle crucial, un autre facteur a dû influencer ceux qui ont décidé de miser sur elle dès le premier tour, un résultat que nombre des commentateurs olympiques les plus expérimentés jugeaient impossible. Coventry a obtenu 49 voix sur 97, suivie de Samaranch avec 28 voix, les autres loin derrière.
L'âge Lors d'une interview que nous avons organisée pour nos collègues du monde entier, elle a déclaré : « J'aurais d'abord adoré être la plus jeune candidate de l'histoire, mais la plupart d'entre vous savent que notre fondateur, Pierre de Coubertin, était le plus jeune, à 33 ans. J'ai donc une bonne décennie d'avance sur lui, ce dont je suis fière. Mais c'est vraiment un grand honneur d'être dans cette course. »
QU'EST-IL ARRIVÉ? Elle avait raison, mais pourquoi une telle victoire électorale aussi rapidement ? Plusieurs facteurs pourraient y avoir contribué. L'un d'eux réside peut-être dans les événements de ces derniers mois. Le monde traditionnel du CIO a peut-être été quelque peu ébranlé par un nouveau développement : quatre des sept candidats sont présidents de fédérations internationales et membres de droit, c'est-à-dire qu'ils le restent tant qu'ils restent en fonction. Cette adhésion spéciale, quoique temporaire, a été instaurée dans les années 1990.
LE PASSÉ Juan Antonio Samaranch, alors président du CIO, avait accepté la demande insistante de Primo Nebiolo, également créateur de l'ASOIF, de les intégrer à la famille olympique. Pour l'apaiser, Samaranch accéda à sa demande, et le titre de membre d'office empêcha Nebiolo de se présenter à la présidence du CIO. Cette année, cependant, l'interprétation de la règle a changé, même si la procédure curieuse demeure : si l'un de ces candidats d'office avait gagné, il aurait dû se soumettre à un nouveau vote pour être admis comme membre individuel.
L'ASSAUT L'afflux soudain de soutien pour ces quatre présidents semble avoir suscité un certain malaise au sein de la famille olympique. Chacun d'entre eux est un dirigeant hautement compétent, doté d'une solide expérience dans son domaine respectif. Bien que leurs opinions et leurs projets aient été scrutés de près, ils ont peiné à avoir un impact significatif. Une victoire de l'un d'eux aurait pu fragiliser les fondements de la structure olympique actuelle. Cependant, leurs candidatures susciteront probablement des réflexions positives, car la collaboration avec les fédérations internationales devra se développer plus étroitement et plus en toute transparence, surtout en ces temps difficiles. Espérons que ces sentiments négatifs ne laissent pas de traces durables ; ce serait regrettable, car le monde du sport a besoin de ses meilleurs dirigeants en ce moment.
PHILOSOPHIE UBUNTU Kirsty a toujours affirmé qu'elle adhérait aux principes de la philosophie Ubuntu, qui privilégie le collectivisme à l'individualisme. Ubuntu affirme que la société façonne notre humanité : « Je suis parce que nous sommes. » C'est un principe directeur qui sera mis à l'épreuve dans les mois et les années à venir, notamment dans le monde souvent individualiste du management sportif. L'approche pragmatique des relations interpersonnelles par une femme peut s'avérer particulièrement précieuse, et il sera fascinant de la voir traverser ce nouveau chapitre.
UNE AUTRE RAISON La majorité des membres du CIO ont également pris une décision fondée sur la question de l'âge, qui impose la retraite à 70 ans. Bien que cette règle soit obsolète et ne se justifie plus, elle aurait pu poser problème si un candidat sexagénaire avait été élu. Parallèlement, cette décision démontre que la famille olympique est ouverte aux jeunes et aux femmes. Le fait que Coventry ait été élu dès le premier tour, Samaranch obtenant une nette deuxième place face aux autres candidats, indique que 80 % des membres ont opté pour une solution interne. Même les athlètes ont contourné les programmes des présidents fédéraux – une tendance notable.
On peut dire que la nouveauté est fascinante, qu'elle peut apporter beaucoup de nouveautés et de choses positives, mais qu'il y aura certainement de sérieux obstacles à surmonter. Kirsty nous l'a toujours dit : « Il faut savoir s’organiser en toutes circonstances, même celles qui ne sont pas faciles à prévoir. » Elle nous a également promis de respecter le travail des journalistes, et son premier geste, en acceptant notre invitation, nous l'a démontré. Il nous faut maintenant poursuivre dans cette voie.
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SOURCE
Association internationale de la presse sportive (AIPS)