« Je suis profondément préoccupée par les informations faisant état de la destruction de maisons et de moyens de subsistance au Darfour-Nord », a déclaré Clémentine Nkweta-Salami, Coordonnatrice résidente et humanitaire des Nations Unies pour le Soudan. « Les civils continuent d’en payer le prix. » L'accès au camp de Zamzam est presque impossible, juste au moment où les gens ont le plus besoin de soutien« Nous avons besoin d’un accès humanitaire sans entrave pour fournir une aide vitale. »
Le camp de Zamzam se trouve à environ 15 kilomètres au sud de la ville d'El Fasher, capitale du Darfour-Nord, assiégée depuis plusieurs mois par des milices opposées au gouvernement de Khartoum. Il a été ouvert en 2004 pour abriter les personnes déplacées par la guerre dans l'ouest du pays.
La semaine dernière, le Programme alimentaire mondial des Nations Unies rapporté que des enfants mouraient déjà dans le camp et que des milliers d'autres pourraient mourir de faim dans les semaines à venir, après avoir été contraint de suspendre la distribution de l'aide en raison de bombardements intensifs.
Des alliés devenus ennemis
Partout au Soudan, les Forces armées soudanaises (SAF) du gouvernement combattent leurs anciens alliés devenus adversaires, la milice des Forces de soutien rapide (RSF), depuis le 15 avril 2023, date à laquelle une transition prévue vers un régime civil a échoué.
Les RSF contrôlent désormais la quasi-totalité du Darfour mais assiègent depuis des mois la ville d'El Fasher, près de Zamzam.
Les milices RSF ont pris d'assaut le camp le 11 février, déclenchant plusieurs jours d'affrontements avec les troupes de l'armée et les forces alliées, selon les médias.
Mardi soir, dans une autre attaque contre des civils qui caractérise le conflit au Soudan, des dizaines de personnes, principalement musulmanes, auraient été tuées dans le camp d'Abu Shouk, au Darfour Nord, après une attaque contre un marché très fréquenté, attribuée aux RSF.
Cette attaque fait suite à une autre attaque de bombardement signalée contre le camp dimanche, qui a fait six morts.
Dans un développement connexe, le Conseil de sécurité a exprimé sa profonde inquiétude face à la signature d’une charte par les forces d’opposition soudanaises cherchant à établir une autorité gouvernementale parallèle au Soudan.
« Les membres du Conseil de sécurité ont souligné que de telles actions risquent d’exacerber le conflit en cours au Soudan, de fragmenter le pays et d’aggraver une situation humanitaire déjà désastreuse », a déclaré l’organe composé de 15 membres.
22 millions de dollars d'aide d'urgence fournis
Aujourd'hui, deux millions de personnes dans 27 localités du Soudan sont en proie à la famine ou sont sur le point de l'être. L'armée soudanaise contrôle les régions du nord et de l'est, tandis que les milices et leurs alliés contrôlent une grande partie du Darfour, à l'ouest, et certaines parties du sud.
Pour aider les civils les plus vulnérables, le coordinateur des secours d'urgence de l'ONU, Tom Fletcher, a annoncé jeudi que 22 millions de dollars seraient alloués pour soutenir l'aide humanitaire vitale au Soudan.
Les fonds seront débloqués à partir du Fonds central d’intervention d’urgence, CERF, pour offrir une assistance afin de contrer l’impact de la spirale des conflits, de la faim, des maladies et des chocs climatiques.
L'horreur du viol d'enfant
Plus tôt cette semaine, le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) averti que des nourrissons âgés d’à peine un an étaient violés par les forces armées.
Plus de 220 cas de viols d'enfants ont été signalés depuis le début de l'année 2024, a indiqué l'agence onusienne, citant des données provenant d'équipes aidant les victimes de violences basées sur le genre.
"Le fait que des enfants d'à peine un an soient violés par des hommes armés devrait choquer quiconque au plus profond de son être et exiger une action immédiate," m'a dit Directeur général de l'UNICEF Catherine Russel.
