8.3 C
Bruxelles
Mercredi, Avril 17, 2024
AfriqueThon tropical ciblé, Bloom se plaint d'une fraude flagrante des navires français

Thon tropical ciblé, Bloom se plaint d'une fraude flagrante des navires français

AVERTISSEMENT : Les informations et opinions reproduites dans les articles sont celles de leurs auteurs et relèvent de leur propre responsabilité. La publication dans The European Times ne signifie pas automatiquement l'approbation de l'opinion, mais le droit de l'exprimer.

DISCLAIMER TRADUCTIONS : Tous les articles de ce site sont publiés en anglais. Les versions traduites sont réalisées via un processus automatisé appelé traductions neuronales. En cas de doute, reportez-vous toujours à l'article original. Merci de votre compréhension.

Bureau de nouvelles
Bureau de nouvelleshttps://europeantimes.news
The European Times News vise à couvrir les actualités importantes pour sensibiliser les citoyens de toute l'Europe géographique.

Tuna // Communiqué de presse de Bloom – Le 31 mai, BLOOM et  Fondation Blue Marine ont porté plainte auprès du Procureur de la République près le Tribunal de Paris contre l'ensemble des 21 navires de la flotte de pêche au thon tropical immatriculés en France, pour désactivation illégale de leur AIS (Système d'identification automatique) balises de localisation.

Les thoniers tropicaux français enfreignent la loi

La désactivation d'un instrument de géolocalisation est interdite par le droit international, européen et national. Concrètement, en dehors de la pêche artisanale, tous les navires doivent avoir leurs balises AIS allumées en permanence, en mer comme au port.(1) Les thoniers tropicaux français mesurent en moyenne plus de 80 mètres de long et sont tous — sans exception — en infraction : entre le 1er janvier 2021 et le 25 avril 2023, ces navires ont éteint leurs balises 37 % à 72 % du temps(2) 

Il est donc impossible de savoir où ces navires opèrent, parfois pendant des semaines. Cela leur laisse la liberté de pêcher dans des zones interdites, comme certaines zones économiques exclusives ou des aires marines protégées. 

En portant plainte, BLOOM et Blue Marine Foundation cherchent à mettre fin à cette situation inacceptable et à obtenir une transparence totale sur les activités de pêche des armateurs thoniers français. Comportements illégaux comme ceux-ci ne sont pas marginaux. Ces 21 navires ne représentent que 0.4 % de la flotte française mais réalisent environ 20 % des captures annuelles du pays.(3) 

En outre, les thoniers européens dans les eaux africaines sont subventionné à hauteur d'une dizaine de millions d'euros par an dans le cadre des accords de pêche négociés par l'Union européenne. Ces navires pillent les eaux africaines en toute sérénité depuis la fin des années 1970.(4) 

en outre La pêche au thon européenne dépend presque exclusivement de l'utilisation des «dispositifs de concentration de poissons» (DCP) très controversés. Les DCP sont des radeaux flottants responsables de la mort de millions de thons immatures chaque année, qui n'ont jamais la chance de se reproduire, ainsi que des espèces vulnérables et rares telles que les tortues marines et les requins.(5) 

Avec notre plainte, nous divulguons qu'en plus de détruire la vie marine, ces navires de pêche fortement subventionnés opèrent au mépris total de la loi.

Thon tropical ciblé, Bloom se plaint d'une fraude flagrante des navires français
Exemple de quatre navires français coupant régulièrement leur AIS dans l'océan Atlantique. Par exemple, le STERENN (en bleu), un thonier senneur de la Compagnie française du thon océanique (CFTO), qui disparaît des radars la plupart du temps. Pour faciliter l'interprétation, cette carte ne couvre que quelques mois pour chacun des navires (voir légende), et non toute la période couverte par notre étude, ni tous les navires concernés.

Impunité totale pour les pêcheurs de thon

Cette plainte fait écho à notre rapport « Les yeux grands fermés »(6) rendu public le 6 mars 2023, dans lequel nous soulignions le total des non-application des réglementations pour les navires thoniers. Ce manque de contrôle est la raison pour laquelle la Commission européenne a ouvert une procédure d'infraction contre la France en juin 2021, en vertu du règlement de contrôle 1224/2009 « instituant un régime communautaire de contrôle destiné à assurer le respect des règles de la politique commune de la pêche »(7). 

Aujourd'hui, nous apportons une preuve supplémentaire de l'impunité totale dont jouissent les pêcheurs industriels européens : ils sapent les ambitions environnementales des processus démocratiques, détruisent la nature et les économies côtières, bafouent la loi et ne sont jamais tenus pour responsables par une administration complice de leurs méfaits.

Une série de scandales révélée par BLOOM

Ces nouvelles révélations — basées sur l'analyse de près de quatre millions de lignes de données fournies par la société Spire Global(8) — sont irréfutables et s'ajoutent à la longue liste des fautes commises par les flottes européennes de pêche au thon tropical.

Depuis novembre 2022, nous avons révélé de multiples scandales, soulignant l'incroyable pouvoir des intérêts commerciaux français et espagnols et de leurs alliés politiques pour détruire la vie, le climat et la démocratie

  1. Le 14 novembre 2022, BLOOM et ANTICOR alertent sur un cas de transfert entre les secteurs public et privé qui provoquait un conflit d'intérêts manifeste dans le secteur de la pêche au thon.(9) L'affaire a été transmise au Parquet national financier (PNF) qui a ouvert une enquête sur prise illégale d'intérêts le 2 décembre 2022, toujours en cours et pour lequel nous avons fait une déclaration ;(10) 
  2. A l'heure où le cadre global de contrôle des flottes de pêche est renégocié au niveau européen, la mission de ce transfuge est limpide : obtenir un changement épouvantable de la "marge de tolérance", qui permettrait à l'industrie européenne de la pêche au thon d'augmenter massivement ses prises officielles et de légitimer des années de prises illégales et d'évasion fiscale ;
  3. En 2015, la France a en effet accordé une dérogation à ses navires thoniers, leur permettant de dépasser la "marge de tolérance" réglementaire, c'est pourquoi la Commission européenne a ouvert une procédure d'infraction contre la France. Malgré les délais largement dépassés et nos rappels répétés, la Commission européenne refuse, pour l'instant, d'aller plus loin et de porter plainte contre la France devant la Cour de justice de l'Union européenne. De son côté, BLOOM a saisi le Conseil d'État d'un recours en annulation de la circulaire(11); 
  4. La procédure d'infraction engagée par la Commission européenne a également été motivée par le manquement de la France à surveiller ses flottes thonières. Le 6 mars, nous avons publié un analyse inédite montrant que le gouvernement français ne s'était fixé absolument aucun objectif concret de contrôle de sa pêche au thon en 2022 et 2023. Suite à un avis favorable du Commission d'accès aux documents administratifs (Commission d'accès aux documents administratifs), nous avons porté l'affaire devant le Tribunal administratif de Paris pour exiger la transparence et enjoindre à l'administration française de nous fournir des données sur les flottes thonières françaises (localisation des satellites, données de surveillance, etc.) ;(12) 
  5. Parallèlement à cette séquence de réglementations au niveau européen, une autre séquence politique, cette fois dans l'océan Indien, a mis en lumière l'hypocrisie de l'Union européenne dans les eaux africaines, où elle est protéger coûte que coûte les pratiques destructrices d'une poignée d'entreprises françaises et espagnoles, en totale contradiction avec l'ouverture de sa procédure d'infraction contre la France; (13) 
  6. A quelques jours d'une réunion cruciale de la Commission des thons de l'océan Indien (CTOI) qui s'est tenue à Mombasa (Kenya) du 3 au 5 février, BLOOM a publié un rapport choquant mettant en lumière l'influence des lobbyistes au sein des délégations officielles de l'Union européenne tout au long de vingt ans de négociations sur le thon tropical en Afrique, entre 2002 et 2022. « L'UE sous l'emprise des lobbies thoniers » met en évidence, pour la première fois et en données, la domination écrasante des lobbies industriels au cœur de la représentation publique; (14) 
  7. Alors qu'une résolution historique a été adoptée par la CTOI, instituant une interdiction annuelle de 72 jours des «dispositifs de concentration de poissons» (DCP), nous avons révélé que la Commission européenne a tout tenté pour saboter les négociations. Ils menaçaient le Kenya, fer de lance historique de la lutte contre les DCP, du retrait de l'aide au développement s'ils continuaient à exiger des contraintes pénalisant les pêcheurs européens. Notre rapport « Aligner les canards » explique comment les industriels français et espagnols ont aligné leurs pions politiques(15) ;  
  8. Le 11 avril 2023, la Commission européenne dépose formellement son objection auprès du secrétariat de la CTOI pour que la résolution ne s'applique pas à ses navires(16) et trois jours plus tard, la France — qui dispose d'un siège supplémentaire à la CTOI grâce à ses « Iles Éparses' (quelques îlots inhabités dans le canal du Mozambique) - ont fait de même.(17) À ce jour, huit objections ont été déposées, suite au lobbying acharné de la Commission européenne et des lobbies thoniers. La résolution ne s'applique qu'à quatre navires à capitaux européens sur la cinquantaine active dans la zone. L'objectif est simple : atteindre 11 objections, le seuil qui permettrait d'annuler purement et simplement la résolution ;
  9. Sur 11 mai 2023,  BLOOM a déposé deux recours auprès de la Commission européenne et de la Direction générale des affaires maritimes, de la pêche et de l'aquaculture (DGAMPA) pour demander le retrait de ces objections scandaleuses.(18) Si ces demandes informelles devaient être refusées, nous pourrions nous réserver le droit d'introduire des recours contentieux, auprès de la Cour de justice de l'Union européenne et de la Conseil d'État de faire retirer ces objections.

La justice comme seul horizon… de la justice !

Tout au long de cette campagne, nous n'avons trouvé que des portes closes en ce qui concerne les responsables politiques. Peur de devoir expliquer cette situation désastreuse : la Représentation Permanente française n'a jamais trouvé le temps de nous recevoir ; il en va de même pour le commissaire européen à l'environnement, aux océans et à la pêche, Virginijus Sinkevicius, et sa directrice générale Charlina Vitcheva, bien qu'il ait été recherché pendant plusieurs mois.

Nous avons donc placé nos espoirs dans la justice pour mettre fin aux exceptions dont bénéficient les pêcheurs de thon, en marge de la loi et de l'État de droit.

L'aveuglement volontaire des gouvernements et institutions européennes aux malversations d'une poignée d'industriels nous a conduits à intenter une nouvelle fois une action en justice. En signalant l'extinction généralisée des balises AIS par les thoniers français, nous poursuivons la lutte contre ces pratiques illégales et l'impunité sans précédent dont bénéficient les pêcheurs industriels.

À un moment où la biodiversité s'effondre et le changement climatique est une urgence, il est grand temps que les États membres et les institutions européennes commencent à protéger l'intérêt public et les biens communs, plutôt que d'appeler à une pause sur les contraintes environnementales.

Le mardi 30 mai 2023, le Conseil de l'Union européenne et le Parlement européen se sont mis d'accord, après cinq ans de négociations et d'amendements, sur une révision du règlement de contrôle datant de 2009.(19) 

D'après le peu d'informations que nous avons reçues, il ne fait malheureusement guère de doute que les thoniers français et espagnols ont été pleinement satisfaits, et nos dernières révélations montrent clairement que la France laisse encore très ostensiblement sa flotte thonière tropicale faire ce qu'elle veut, sans aucune contrainte. . Nous encourageons la Commission européenne à trouver le courage de traduire la France devant la Cour de justice des Communautés européennes sans plus tarder. Adopter des règlements ne suffit pas; elles doivent être mises en œuvre. 

Références

(1) Les dispositions relatives aux systèmes d'identification automatique des navires sont énoncées dans la règle V/19 de la convention internationale de 1974 pour la sauvegarde de la vie humaine en mer, dite « convention SOLAS », elle-même complétée par la réglementation de l'Organisation maritime internationale , en particulier le paragraphe 22 de la résolution A.1106 (29). Ces dispositions ont également été codifiées au niveau de l'Union européenne. L'article 10 du règlement européen 1224/2009 stipule : « Conformément à l'annexe II, partie I, point 3, de la directive 2002/59/CE, un navire de pêche de plus de 15 mètres de longueur hors tout doit être équipé et maintenir en service un système d'identification automatique conforme aux normes de performance établies par l'Organisation maritime internationale conformément au chapitre V, règle 19, section 2.4.5 de la convention SOLAS de 1974 ».

(2) Pour chacun des navires français, nous avons recensé entre 20 et 61 extinctions de balises AIS de plus de 48 heures, pour un total de 308 à 591 jours.

(3) Données publiées par le Comité scientifique, technique et économique de la pêche (CSTEP) dans ses rapports annuels sur la flotte de pêche européenne. Disponible à: https://op.europa.eu/en/publication-detail/-/publication/bba413d1-484c-11ed-92ed-01aa75ed71a1

(4) Voir liste et montant des conventions en cours sur : https://oceans-and-fisheries.ec.europa.eu/fisheries/international-agreements/sustainable-fisheries-partnership-agreements-sfpas_en

(5) Voir notre étude disponible sur : https://bloomassociation.org/wp-content/uploads/2023/04/tuna-war-games.pdf.  

(6) Disponible chez: https://bloomassociation.org/wp-content/uploads/2023/03/eyes-wide-shut.pdf

(7) Disponible chez: https://eur-lex.europa.eu/LexUriServ/LexUriServ.do?uri=OJ:L:2009:343:0001:0050:fr:PDF

(8) Spire Global est le leader mondial du suivi des navires par satellite. Leurs données sont utilisées, entre autres, par la plateforme Global Fishing Watch (https://globalfishingwatch.org). 

(9) https://www.bloomassociation.org/en/conflicts-of-interest-and-environmental-destruction-bloom-and-anticor-sound-the-alarm/

(10) https://bloomassociation.org/conflit-dinterets-dans-la-peche-thoniere-le-parquet-national-financier-ouvre-une-enquete/

(11) Voir notre étude disponible sur : https://bloomassociation.org/wp-content/uploads/2023/03/eyes-wide-shut.pdf

(12) https://www.bloomassociation.org/en/bloom-sues-the-french-state-supportive-of-environmental-destruction-in-the-indian-ocean/

(13) Voir nos études, disponibles sur https://bloomassociation.org/wp-content/uploads/2023/04/Lining-up-the-ducks_EN.pdf et https://bloomassociation.org/wp-content/uploads/2023/04/tuna-war-games.pdf.  

(14) Voir notre étude, disponible sur https://bloomassociation.org/wp-content/uploads/2023/01/Les-lobbies-thoniers-font-la-loi.pdf

(15) Voir notre étude, disponible sur https://bloomassociation.org/wp-content/uploads/2023/01/The-EU-under-the-rule-of-tuna-lobbies.pdf.

(16) Disponible chez: https://iotc.org/sites/default/files/documents/2023/04/Circular_2023-26_-_Communication_from_the_European_UnionE.pdf.

(17) Disponible chez: https://iotc.org/sites/default/files/documents/2023/04/Circular_2023-28_-_Communication_from_FranceOTE.pdf.

(18) https://www.bloomassociation.org/en/appeal-iotc-objections/

(19) https://www.consilium.europa.eu/en/press/press-releases/2023/05/31/council-strikes-deal-on-new-rules-to-combat-overfishing

- Publicité -

Plus de l'auteur

- CONTENU EXCLUSIF -spot_img
- Publicité -
- Publicité -
- Publicité -spot_img
- Publicité -

Doit lire

Derniers articles

- Publicité -