La responsabilité morale et juridique potentielle de toutes ces personnes dans les crimes commis en Ukraine est une question cruciale, mais largement négligée. Historiquement, ce ne sont pas des terrains totalement inconnus. Comme exploré dans un excellent livre édité par Nina HB Jørgensen, le financement de crimes internationaux, ainsi que la fourniture de fournitures matérielles telles que des armes pour les soutenir, peuvent constituer une forme de complicité au regard du droit pénal international. Comme certains des livres chapitres discuter, démontrer que le bailleur de fonds savait que ses actions contribueraient à la commission d'un crime est probablement l'obstacle crucial, même s'il peut sans aucun doute être surmonté dans certaines circonstances. À l’inverse, le « simple » profit des crimes internationaux n’entraîne pas en soi la responsabilité pénale internationale.
Way Forward
Il peut donc y avoir un décalage entre l'évaluation morale et politique du rôle des profiteurs de guerre et, dans certains cas, des bailleurs de fonds dans la guerre russe en Ukraine, et leur responsabilité juridique. Certains d’entre eux seront sans aucun doute soumis aux règles existantes, comme ceux qui dirigent directement des sociétés militaires privées qui commettent des crimes de guerre sous leur commandement. D’autres, comme ceux impliqués en aval dans le vol et le transfert de céréales ukrainiennes, pourraient être laissés de côté.
Pour une évaluation juridique complète, il faudrait étudier les crimes internationaux potentiels commis en Ukraine un par un – du meurtre au pillage et au-delà – et considérer comment l’implication financière dans ces crimes interagit avec les règles existantes en matière de complicité. Il semblerait qu’une telle analyse soit urgente, et c’est une tâche que les gouvernements et les universitaires pourraient utilement entreprendre.
Si un tribunal ukrainien sur mesure pour les crimes de guerre était créé, des questions particulièrement complexes se poseraient. D’une part, son statut pourrait en principe prévoir des règles spécifiques couvrant le financement ou le profit tiré des crimes internationaux commis en Ukraine. Cela serait conforme à l'objectif primordial du tribunal, qui est de traduire en justice ceux qui détiennent le plus grand pouvoir et la plus grande responsabilité dans la guerre. D’un autre côté, ce faisant, il faudrait veiller à respecter le principe juridique fondamental selon lequel on ne peut être tenu responsable d’un comportement qui ne constituait pas un crime au moment où il a été commis. Dans l’ensemble, il s’agit d’une question qui mérite une attention bien plus grande dans l’élaboration des plans émergents visant à traduire en justice les responsables des crimes russes.
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