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Lundi, Avril 29, 2024
America'Fratelli Tutti' défie notre pays et notre église

'Fratelli Tutti' défie notre pays et notre église

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Le pape François salue de sa voiture après avoir célébré la messe et signé sa nouvelle encyclique, "Fratelli Tutti, sur la fraternité et l'amitié sociale" à la basilique Saint-François le 3 octobre à Assise, en Italie. (SNC/Paul Haring)

Toute tentative de lecture de la nouvelle encyclique du pape François Frères tous uniquement à travers une lentille américaine est susceptible d'entraîner une distorsion du document. Le pape est le pasteur universel de l'Église catholique et ce texte est accessible à tous, même aux non-chrétiens. Et, alors qu'il a commencé comme une réflexion sur le dialogue interreligieux, le pape précise que le début de la pandémie de COVID-19 a entraîné le texte dans une direction différente, une direction qui rend également inadéquates toutes les lectures paroissiales.

Cela dit, le document n'est pas le moins du monde abstrait; il est destiné à être appliqué. Et, en l'occurrence, les leçons morales et anthropologiques que le Saint-Père tire de cette réflexion pourraient difficilement être plus pertinentes pour les circonstances uniques de l'Église catholique aux États-Unis alors qu'elle affronte les deux cycles électoraux du mois prochain : l'élection d'un président par la nation le 3 novembre et la sélection de nouveaux dirigeants lors de la conférence épiscopale américaine la semaine suivante.

Un mot sur la structure du document. Comme dans sa première encyclique «Laudato Si ' , sur le soin de notre maison commune », le pape François suit ici le «voir, juger, agir» méthodologie créée par le Cardinal Joseph Cardijn de Belgique. Le premier tiers du document consiste en un état des lieux de la situation contemporaine dans laquelle se trouve l'humanité.

J'avoue que je trouve toujours cette approche un peu choquante. Il y a beaucoup de citations de déclarations antérieures de François, ainsi que des citations de la merveilleuse encyclique du pape Benoît XVI Caritas in Veritate. Mais les observations théologiques sont comme des notes de grâce dans une partition musicale dans cette section. L'essence de la mélodie est descriptive et pastorale, non didactique et théologique.

Ainsi, par exemple, nous lisons cette observation sur la réponse internationale à la pandémie :

Malgré toute notre hyper-connectivité, nous avons assisté à une fragmentation qui a rendu plus difficile la résolution de problèmes qui nous concernent tous. Quiconque pense que la seule leçon à tirer était la nécessité d'améliorer ce que nous faisions déjà, ou d'affiner les systèmes et réglementations existants, nie la réalité (paragraphe 7).

C'est concis et vrai, mais cela ne ressemble pas au genre de texte magistral auquel nous sommes habitués.

Ou considérez ces commentaires sur le consensus d'après-guerre sur la nécessité de régimes inspirés par la démocratie chrétienne et fondés sur la solidarité et la liberté, et l'effritement de ce consensus à notre époque :

Pendant des décennies, il a semblé que le monde avait tiré une leçon de ses nombreuses guerres et catastrophes, et se dirigeait lentement vers diverses formes d'intégration. Par exemple, il y avait le rêve d'un Europe, capable de reconnaître ses racines communes et de se réjouir de sa riche diversité (paragraphe 10). …

Cependant, nos propres jours semblent montrer des signes d'une certaine régression. D'anciens conflits que l'on croyait enterrés depuis longtemps éclatent à nouveau, tandis que les exemples d'un nationalisme myope, extrémiste, rancunier et agressif se multiplient. Dans certains pays, une conception de l'unité populaire et nationale influencée par diverses idéologies crée de nouvelles formes d'égoïsme et une perte du sens social sous couvert de défense des intérêts nationaux (paragraphe 11). …

Un moyen efficace d'affaiblir la conscience historique, la pensée critique, la lutte pour la justice et les processus d'intégration est de vider les grands mots de leur sens ou de les manipuler. De nos jours, que signifient vraiment certains mots comme démocratie, liberté, justice ou unité ? Ils ont été pliés et façonnés pour servir d'outils de domination, d'étiquettes dénuées de sens qui peuvent être utilisées pour justifier n'importe quelle action (paragraphe 14).

Le style est plus homilétique que magistral, mais les idées démontrent l'œil vif d'un pasteur qui a été immergé dans le travail d'aider le peuple de Dieu à naviguer dans les complexités de son temps. Dans ce cas, bien que la leçon soit plus évidemment applicable à la situation de l'Union européenne, la note sur les « nouvelles formes d'égoïsme » est une description appropriée de l'idéologie économique de laissez-faire du reaganisme qui a tellement façonné la politique intérieure américaine pour le 40 dernières années.

Lorsque François écrit : « En employant une stratégie de ridicule, de suspicion et de critique implacable, on nie de diverses manières le droit des autres d'exister ou d'avoir une opinion. … Dans ce lâche échange d'accusations et de contre-accusations, le débat dégénère en un état permanent de désaccord et de confrontation » (paragraphe 15), je me suis demandé s'il avait reçu une prémonition sur le débat présidentiel de la semaine dernière entre le président Donald Trump et l'ancien vice-président Joe Biden !


Le président Donald Trump et l'ancien vice-président Joe Biden, le candidat démocrate à la présidence, sont vus sur cette photo composite. (Composite CNS/photos de Jonathan Ernst et Brian Snyder, Reuters)

D'autres commentaires sonnent vrai mais, encore une fois, ont la sensation d'un sermon plutôt que d'un document d'enseignement. "La connectivité numérique ne suffit pas pour construire des ponts", écrit François au paragraphe 43. "Elle n'est pas capable d'unir l'humanité." Et, dans le paragraphe suivant, il observe que « Même si les individus maintiennent leur confortable isolement consumériste, ils peuvent choisir une forme de lien constant et fébrile qui encourage une hostilité remarquable, des insultes, des abus, des diffamations et des violences verbales destructrices d'autrui, et cela avec un manque de retenue qui ne pouvait exister dans le contact physique sans nous déchirer tous. L'agressivité sociale a trouvé une place sans précédent pour se développer grâce aux ordinateurs et aux appareils mobiles.

Il traite des migrants et de leur sort ainsi qu'une section étrange sur l'estime de soi nationale. Il aborde certaines des préoccupations écologiques qu'il a soulevées dans Laudato Si ' . Mais, le thème le plus récurrent de cette partie « voir » de ce document est la réitération des préoccupations traditionnelles de l'enseignement social catholique avec l'influence de l'idéologie du marché.

Le pape François conclut son enquête sur le paysage socio-politico-culturel contemporain, conscient qu'il est « déprimant », par quelques mots d'espoir : « Malgré ces nuages ​​sombres, qui ne peuvent être ignorés, je voudrais dans les pages qui suivent prendre et discuter de nombreux nouveaux chemins d'espérance. Car Dieu continue de semer d'abondantes graines de bonté dans notre famille humaine » (paragraphe 54).

Le pape entame alors une réflexion exquise sur la parabole du bon Samaritain qui sert de pivot clé à une réflexion théologique plus profonde ainsi qu'à la partie « juge » du document. Si vous ne lisez qu'une partie du texte, lisez cette belle réflexion. Aucun de nous ne peut réfléchir à ces questions posées par François sans honte :

À laquelle de ces personnes [dans la parabole] vous identifiez-vous ? Cette question, aussi crue soit-elle, est directe et incisive. Auquel de ces personnages ressemblez-vous ? Nous devons reconnaître que nous sommes constamment tentés d'ignorer les autres, en particulier les faibles. Avouons que, malgré tous les progrès que nous avons réalisés, nous sommes encore « analphabètes » lorsqu'il s'agit d'accompagner, de soigner et de soutenir les membres les plus fragiles et les plus vulnérables de nos sociétés développées. Nous avons pris l'habitude de détourner le regard, de passer à côté, d'ignorer les situations jusqu'à ce qu'elles nous affectent directement (paragraphe 64).

Notez l'adjectif "développé" dans ce passage. François est conscient que, comme il le dit, « la décision d'inclure ou d'exclure les blessés gisant au bord de la route peut servir de critère pour juger tout projet économique, politique, social et religieux » (paragraphe 69).

Détail de la gravure « The Good Samaritan (St. Luke, Ch. 10, ver. 30) » de Jean Marie Delattre, gravée par Simon Francis Ravenet, publiée par John Boydell, 24 février 1772 (Metropolitan Museum of Art, Harris Brisbane Fonds Dick, 1932)

J'aimerais aller de l'avant et me concentrer sur le cinquième chapitre intitulé "A Better Kind of Politics". Le pape déclare : « Le manque d'intérêt pour les personnes vulnérables peut se cacher derrière un populisme qui les exploite de manière démagogique à ses propres fins, ou un libéralisme qui sert les intérêts économiques des puissants » (paragraphe 155). Et, un peu plus loin, il précise que :

[Un gouvernement populaire] peut dégénérer en un « populisme » malsain lorsque des individus sont capables d'exploiter politiquement la culture d'un peuple, sous n'importe quelle bannière idéologique, pour leur propre avantage personnel ou pour maintenir leur emprise sur le pouvoir. Ou quand, à d'autres moments, ils recherchent la popularité en faisant appel aux penchants les plus bas et les plus égoïstes de certains secteurs de la population. Celle-ci devient d'autant plus grave que, sous des formes plus grossières ou plus subtiles, elle conduit à l'usurpation des institutions et des lois (Paragraphe 159).

Loin de moi l'idée de suggérer que le pape pensait au président Trump lorsqu'il a écrit ces mots. Cela aurait pu être le Premier ministre hongrois Viktor Orban ou le politicien italien Matteo Salvini. Ce qui n'est pas vraiment sujet à conjecture, c'est que le pape condamne ici le populisme nationaliste, et parfois raciste, qu'ils adoptent.

La critique de l'économie de marché du pape François dans ce chapitre ferme vraiment la porte à la tentative des néoconservateurs comme George Weigel et feu Michael Novak d'ouvrir l'enseignement social catholique à une plus grande valorisation des idées de marché libre. En ce qui concerne ceux qui cherchent à adopter une théorie économique libertaire plus complète, la porte est non seulement fermée, mais elle est barricadée par la vérité de l'Évangile :

Le marché, à lui seul, ne peut résoudre tous les problèmes, même si l'on nous demande de croire ce dogme de la foi néolibérale. Quel que soit le défi, cette école de pensée pauvre et répétitive propose toujours les mêmes recettes. Le néolibéralisme se reproduit simplement en recourant aux théories magiques du « débordement » ou du « ruissellement » - sans utiliser le nom - comme seule solution aux problèmes de société. Il y a peu d'appréciation du fait que le prétendu « débordement » ne résout pas l'inégalité qui donne lieu à de nouvelles formes de violence menaçant le tissu social (paragraphe 168).

La semaine dernière, en prévision de l'encyclique, l'Université catholique d'Amérique a envoyé aux journalistes une liste d'experts du corps professoral, dont environ la moitié provenaient de la Busch School of Business. À la lecture de cette section de l'encyclique, il est clair que le texte s'adresse à ces soi-disant experts, et non au fruit de leur travail. Cette encyclique nous pose à tous des questions, mais elle pose une question très précise aux évêques américains qui sont responsables de l'AUC : comment peuvent-ils garder cette école de commerce ouverte et sous sa direction actuelle à la lumière de Frères tous?

Ces passages renvoient aux premières sections de l'encyclique qui ont une orientation plus anthropologique. Par exemple, le pape François écrit que :

L'individualisme ne nous rend pas plus libres, plus égaux, plus fraternels. La simple somme des intérêts individuels n'est pas capable de générer un monde meilleur pour toute la famille humaine. Elle ne peut pas non plus nous sauver des nombreux maux qui se mondialisent de plus en plus. L'individualisme radical est un virus extrêmement difficile à éliminer, car il est astucieux. Elle nous fait croire que tout consiste à laisser libre cours à nos propres ambitions, comme si en poursuivant des ambitions toujours plus grandes et en créant des filets de sécurité nous servions en quelque sorte le bien commun (Paragraphe 105).

Le pape plaide pour une vision sociale ancrée dans la solidarité qui « trouve une expression concrète dans le service, qui peut prendre diverses formes dans un souci de prendre soin des autres » et est « née de la conscience que nous sommes responsables de la fragilité des autres en tant que nous nous efforçons de construire un avenir commun » (Paragraphe 115). Cela conduit à sa réitération de quelque chose que saint pape Jean-Paul II a enseigné dans son encyclique de 1991 Centesimus annus: « Dieu a donné la terre à tout le genre humain pour la subsistance de tous ses membres, sans exclure ni favoriser personne » (Paragraphe 31 dans CA). François continue dans Frères tous: « Le droit à la propriété privée ne peut être considéré que comme un droit naturel secondaire, dérivé du principe de la destination universelle des biens créés. Cela a des conséquences concrètes qui devraient se refléter dans le fonctionnement de la société » (Paragraphe 120).

Encore une fois, je pose la question : comment les évêques des États-Unis peuvent-ils justifier le maintien d'une école de commerce dans une université qui leur appartient et qui contredit si systématiquement et complètement ces enseignements ?

De même, le pape met en lumière une vertu et une valeur que le pape Benoît XVI a articulées dans son encyclique de 2009 Caritas in Veritate: gratuité. Là, Benoît l'applique à l'économie et ici François l'invoque à propos du traitement des migrants : « La gratuité nous permet d'accueillir l'étranger, même si cela ne nous apporte aucun bénéfice tangible immédiat. Certains pays, cependant, présument de n'accepter que des scientifiques ou des investisseurs » (paragraphe 139).

Les catholiques conservateurs qui soutiennent le président Trump se débattront-ils avec les implications de cet enseignement lors de l'évaluation des politiques du président envers les immigrants ?

L'archevêque Jose Gomez de Los Angeles, vice-président de la Conférence des évêques catholiques des États-Unis, s'exprime le premier jour de l'assemblée générale de printemps de l'USCCB le 11 juin 2019 à Baltimore. (SNC/Bob Roller)

Tout aussi important, comment les évêques américains vont-ils composer avec le fait qu'un si grand nombre d'entre eux, en publiant lettres pastorales aux fidèles avant l'élection, articuler clairement une vision du monde plus cohérente avec celle du président qu'avec celle du pape ? Y aura-t-il suffisamment de votes lors de leur réunion de novembre, la première depuis que l'ensemble du corps a terminé son ad limina visites avec le pape François, et maintenant qu'ils ont le temps de lire Frères tous, pour réorienter la conférence loin de l'agenda réflexif et partisan qui a dominé leur travail pendant plus d'une décennie et enfin pour commencer à embrasser les enseignements magistériels du pape François ?

Considérez ce passage :

À l'heure où diverses formes d'intolérance intégriste détériorent les relations entre les individus, les groupes et les peuples, engageons-nous à vivre et à enseigner la valeur du respect de l'autre, un amour capable d'accueillir les différences et la priorité de la dignité de chaque être humain être au-dessus de ses idées, opinions, pratiques et même de ses péchés (paragraphe 191).

Demandez-vous : combien d'évêques aux États-Unis peuvent lire ces mots et ne pas ressentir les affres de l'auto-condamnation ? Quel « respect pour les autres » les évêques ont-ils montré dans leurs campagnes pour la liberté religieuse ou dans leur traitement des employés gays et lesbiennes ?

Frères tous exigera, comme toutes les encycliques, plusieurs lectures. Il y a beaucoup dans ce texte que je n'ai pas abordé, comme la discussion du pape sur le fanatisme religieux, mais c'est puissant et provocateur. Son style pastoral est enraciné dans la théologie mais n'est pas lui-même strictement théologique, de sorte que les théologiens de notre église ont du pain sur la planche, exposant les thèmes ici et fournissant les justifications théologiques et les explications de ses nombreuses idées pastorales. Si je pouvais interviewer le pape, j'aurais quelques milliers de questions à lui poser !

Ce qui est clair, c'est que le pape François a donné à l'Église un témoignage de solidarité authentique à un moment où notre président - et ses alliés nationalistes à l'étranger - offre une contrefaçon de solidarité. Les deux formes de solidarité sont des réponses aux excès et aux pauvretés créées par le néo-libéralisme. Oui, les pauvretés, c'est clair, comme David Schindler a souligné Il y a 20 ans, que la richesse matérielle générée par les économies néolibérales coïncide précisément avec la génération de la pauvreté spirituelle et morale. Le monde entier gémit d'aller au-delà de la négligence morale des idées de laissez-faire. Mais seule la version du pape représente une version authentiquement chrétienne de la solidarité et, ajouterais-je, une version authentiquement humaine. Ce texte défie les chrétiens de manière unique, mais il défie tout le monde. (Cela interpelle aussi la gauche catholique, et j'y reviendrai un autre jour !)

Si cette pandémie ne nous sort pas de notre léthargie culturelle, morale et spirituelle post-moderne, qu'est-ce qui le fera ? Le pape François lance une bouée de sauvetage à l'Église catholique et au monde entier. Allons-nous l'attraper?

[Michael Sean Winters couvre le lien entre religion et politique pour NCR.]

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