Emmanuel Macron a été vivement critiqué par le Guide général adjoint des Frères musulmans, Ibrahim Munir, après que le président français a annoncé une loi contre le "séparatisme" religieux visant à libérer l'islam en France des "influences étrangères". L'homme de 42 ans, qui fait face à une candidature difficile pour sa réélection face à une vive opposition de l'extrême droite, a suscité la controverse avec des remarques qui semblaient condamner l'islam et les musulmans en général.
"L'islam est une religion qui est en crise partout dans le monde aujourd'hui, nous ne le voyons pas seulement dans notre pays", a déclaré le président français ce week-end dans un discours introduisant un nouveau projet de loi visant à renforcer l'idéologie d'État française de la laïcité militante, connue comme Laïcite.
Alors que la République française peine à contenir la propagation de la pandémie de coronavirus, les commentaires de Macron ont été largement condamnés sur leur timing et leur message qui divise. Dans sa condamnation de Macron, Munir, qui a exprimé sa consternation à l'idée que "de tels propos sortent de la bouche d'un président français", a accusé Macron de déformer les Frères musulmans et de tourner le dos aux valeurs et aux principes de la Révolution française.
"La Révolution française n'a pas servi les héritiers de la Révolution", a déclaré Munir dans sa lettre à Macron, dont une copie a été obtenue par MEMO, soulignant que la remarque du président avait "contredit de manière flagrante la pensée de ses philosophes" qui avaient "enflammé la passion des gens et leur désir de liberté, d'égalité et de droit de l'humanité à exprimer ses croyances".
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Rejetant les commentaires de Macron, qui semblaient viser les Frères musulmans à être condamnés, Munir a ajouté : « Ils [les Frères musulmans] résistent aux excès des régimes qui cherchent délibérément à les forcer à abandonner leur foi et à déformer leur image par des actes illégaux et inhumains.
« Nous affirmons la vérité que le monde entier connaît ; que les Frères musulmans adhèrent sincèrement à leur pensée et à leurs pactes islamiques », a insisté Munir. « Ils défendent les responsabilités sociales et les droits des pays de leur résidence. Ils respectent leurs lois; sachant que c'est là la base de leur présence. Ils remplissent leurs devoirs et protègent la sécurité de leur pays.
Les détracteurs du projet de loi anti-séparatisme, en particulier les membres de la communauté musulmane de France, qui compte environ six millions de personnes – la plus grande d'Europe occidentale – craignent qu'il n'approfondisse le sentiment anti-musulman qui, selon eux, a augmenté ces dernières années.
Il a également été suggéré que le projet de loi était politiquement motivé avant les élections françaises de 2022, tandis que d'autres – notamment le principal parti d'opposition d'extrême droite du Rassemblement national – se sont plaints que le projet de loi n'allait pas assez loin.