Le taux d'inflation a atteint un niveau record de 4.9% en novembre 2021 dans les dix-neuf pays de la zone euro, le plus élevé depuis que l'institut européen de statistique Eurostat a commencé ses estimations il y a plus de deux décennies.
Il y a un an, le taux d'inflation annuel dans l'UE était de 0.3 %. En janvier, l'inflation est passée à 0.9%, puis à 2% en mai et 4.1% en octobre, contre 3.4% le mois précédent, a indiqué mercredi Eurostat, l'office européen des statistiques.
Mais de quoi parle-t-on exactement ? L'inflation est définie par la Banque centrale européenne (BCE) comme une augmentation globale des prix des biens et des services, et non de quelques secteurs spécifiques. Ses causes sont multiples : les plus courantes sont une poussée de la demande qui ne peut pas être entièrement absorbée par l'offre et une augmentation des coûts de production – par exemple, les prix des matières premières – que les entreprises répercutent sur les consommateurs. Les consommateurs sont ceux qui souffrent le plus. Parce que des prix plus élevés signifient un pouvoir d'achat plus faible. Au final, un euro achète moins de biens ou de services.
Les taux annuels les plus bas en octobre ont été enregistrés à Malte (1.4 %), au Portugal (1.8 %), ainsi qu'en Finlande et en Grèce (tous deux 2.8 %). Les plus élevés se trouvaient en Lituanie (8.2 %), en Estonie (6.8 %) et en Hongrie (6.6 %). L'inflation a augmenté dans les 27 États membres par rapport à septembre, selon Eurostat.
Comme on pouvait s'y attendre, l'énergie a le plus d'impact sur cette hausse de l'inflation (+2.21 %). Viennent ensuite les services (+0.86 %), les biens industriels hors énergie (+0.55%) et l'alimentation, alcool et tabac (+0.43%).
La Commission européenne s'attend à ce que les augmentations de prix ralentissent à 2.2% l'année prochaine après avoir " culminé " à 2.4% cette année, selon un communiqué.
"L'amélioration du marché du travail et la baisse attendue de l'épargne des ménages devraient contribuer à soutenir les dépenses des ménages", a déclaré la Commission.
Il s'attend également à ce que le plan de relance de l'UE, qui a abouti à des paiements initiaux aux États membres cet été, soutienne les investissements publics et privés.
Néanmoins, l'exécutif européen reconnaît que le contexte est assombri par des perturbations des chaînes d'approvisionnement mondiales qui « pèsent sur l'activité, notamment dans le secteur manufacturier.
Selon la présidente de la BCE Christine Lagarde, cette augmentation des prix n'est que temporaire. "L'inflation ralentira plus lentement que prévu, mais nous nous attendons à ce que ces facteurs s'estompent en 2022. Nous continuons de nous attendre à ce que l'inflation à moyen terme reste inférieure à notre objectif de 2%."
Les hausses de prix vont-elles réellement ralentir l'année prochaine ?
La majorité des économistes penchent pour une accalmie, mais d'autres sont d'un avis contraire. Les investisseurs semblent également sur la défensive, nombre d'entre eux cherchant à se protéger d'une inflation incontrôlable.
Début décembre, Jerome Powell, le patron de la banque centrale américaine (Fed), a déclaré qu'il était temps d'arrêter de parler d'inflation temporaire aux États-Unis, comme il le présentait depuis des mois. « De toute évidence, le risque d'inflation persistante a augmenté », a-t-il reconnu devant une commission sénatoriale.
La marge de manœuvre des banques centrales reste faible. Si les prix des matières premières continuent d'augmenter, les actions des banques centrales n'inverseront pas la tendance. La hausse des taux d'intérêt ne résoudra pas les déséquilibres entre l'offre et la demande, la flambée des coûts de transport ou les pénuries de main-d'œuvre qui perturbent les chaînes d'approvisionnement depuis plusieurs mois.