« Nous devrions apprendre de l'histoire de la lèpre. Pour mieux lutter contre une épidémie ou une pandémie, il faut éliminer les discriminations et les doubles standards pour ceux qui ont été systématiquement laissés pour compte ». Tel est le message d'Alice Cruz, experte indépendante des droits de l'ONU et rapporteur spécial sur l'élimination de la discrimination à l'égard des personnes touchées par la lèpre et des membres de leur famille, à l'occasion de la Journée mondiale de la lèpre.
Revers probables, inaction blâmée
Mme Cruz note que les conséquences de la COVID-19 pandémie – qui vont de la privation du droit à l'éducation, au logement et à l'emploi, à la violence domestique et sexuelle – reflètent celles que connaissent les personnes atteintes de la lèpre (également connue sous le nom de maladie de Hansen) depuis des milliers d'années.
En mai 2020, l'experte indépendante de l'ONU a tiré la sonnette d'alarme sur l'effet disproportionné que la pandémie a sur les malades de la lèpre, dans une lettre ouverte adressée aux gouvernements dans laquelle elle a appelé à des plans d'action détaillés.
Dans son message pour la Journée mondiale de la lèpre, Mme Cruz a averti qu'une réponse inadéquate des pays où la maladie est répandue risque d'entraîner un recul dans la lutte contre la lèpre, la transmission et la prévention des handicaps, ainsi que l'aggravation d'une situation déjà extrêmement niveau de vie précaire.
Changer les mentalités
La lèpre est guérissable, si le traitement suit rapidement un diagnostic opportun, mais si les patients ne sont pas traités, ils peuvent se retrouver avec des déficiences physiques et des handicaps irréversibles. Cependant, dans son message pour la Journée, Yohei Sasakawa, de l'Organisation mondiale de la santé (WHO) Ambassadeur de bonne volonté pour l'élimination de la lèpre, souligne qu'un diagnostic précoce de la lèpre et un traitement rapide ne suffisent pas pour vaincre la maladie.
« Cela nécessite aussi de changer les mentalités », dit-il, « afin que la lèpre ne soit plus une source de honte ou de préjugés. Nous devons éliminer tous les obstacles sur le chemin de ceux qui recherchent des soins médicaux. Nous devons éliminer les obstacles qui empêchent les personnes affectées et leurs familles de vivre dans la dignité et de jouir de tous leurs droits de l'homme en tant que membres à part entière de la société ».
M. Sasakawa s'est dit confiant que la Stratégie mondiale contre la lèpre de l'OMS pour 2021-2030 générera un nouvel élan dans la lutte contre la maladie, et espère « une société inclusive dans laquelle chacun a accès à un traitement et à des services de qualité, et un diagnostic de lèpre ne s'accompagne plus d'une possibilité de conséquences physiques, sociales, économiques ou psychologiques dévastatrices ».