Écrit par John (Shahovskiy), archevêque de San Francisco
Traduction de Peter Gramatikov
Nous devrions nous réjouir que par la puissance de l'Esprit Tout-Puissant, Qui « souffle où Il veut », un homme a miraculeusement transformé sa vie et porte du fruit pour Dieu. Le chemin de l'Esprit dans cette personne n'est-il pas clair pour nous ? Mais sommes-nous prêts à juger les voies de l'Esprit, puisque les fruits de l'Esprit sont clairs à nos yeux ? On nous dit de savoir par les fruits. Les fruits sont clairement définis par l'apôtre (1 Cor. 13 : 4-8).
Un seul péché est impardonnable - contre le Saint-Esprit, contre l'amour pour Lui. Celui qui aime l'injustice, loue le péché et jouit de la méchanceté est coupable de ce péché, mais en aucune façon il ne confesse ou ne confesse avec son esprit, c'est-à-dire qu'il voit avec son âme ou ne voit pas telle ou telle vérité. Si je suis un daltonien spirituel et que je ne vois pas l'une ou l'autre couleur dans la nature du monde spirituel, mais que je vois les autres couleurs exactement comme tout le monde les voit, suis-je rejeté ? Au contraire, je dois faire l'objet d'une attention particulière, d'une compassion particulière. Un sectaire qui croit en la Sainte Trinité, qui croit en la nécessité d'une naissance spirituelle, en la nécessité d'une attitude consciente face au Baptême, en la nécessité pour les croyants de ne pas avoir honte de leur foi parmi les indifférents, mais de la confesser à tous , qui croient chaque parole de la Sainte Écriture et par jalousie de cette foi considèrent comme superflues toutes les autres manifestations de la révélation du Saint-Esprit dans l'Église depuis dix-neuf siècles (révélations qui ne contredisent pas mais expliquent ce qui est caché dans l'Évangile) – un tel sectaire devrait-il être violemment persécuté par nous, orthodoxes ? En quoi consistera alors notre Orthodoxie ?
Mais pas seulement les sectaires - ces frères qui sont les nôtres dans la foi en l'Unique Sauveur et Rédempteur du monde - nous ne devons pas persécuter et condamner vicieusement, irritablement et grossièrement. Personne ne devrait nous oser juger vicieusement et irritablement. Nous pouvons remarquer l'erreur et la faiblesse, bien que nous soyons purs nous-mêmes, mais nous sommes co-douloureux. D'une manière impitoyable, nous ne devons chasser que l'esprit grossier de paix maintenant de nos cœurs. Et alors notre Orthodoxie brillera. Parce que le moyen est impensable pour justifier le but. Il n'est pas possible de défendre l'orthodoxie de manière païenne ou juive. La pureté de l'esprit évangélique – la sainte Orthodoxie – doit être défendue évangéliquement, sans passion, avec sagesse, avec un grand amour pour chaque âme pour laquelle le sang de l'homme-Dieu a été versé.
Lancer des pierres est très facile. Et notre vieil homme cherche juste les prétextes permis pour cela. Le prétexte de la jalousie dans la foi est le plus commode. C'est la protection du grand sanctuaire – la pureté de la foi et de l'esprit ! C'est ici, dans la défense du sanctuaire, que l'homme doit revêtir le sanctuaire, ceigner ses reins avec le jeûne et l'aumône de l'esprit. Ce sera l'orthodoxie de sa vie.
Le fait incontestable doit être ouvertement reconnu que parmi toutes les confessions de foi en la véritable incarnation accomplies sur terre en la personne du Seigneur Jésus-Christ - l'Alpha et l'Oméga du salut - parmi tous ceux qui invoquent Son Saint Nom, il y a des nés spirituels gens. Tant parmi les orthodoxes que parmi les catholiques romains, ainsi que parmi les protestants de différentes confessions et nuances. Ainsi que parmi les premiers, et parmi les seconds, et parmi les troisièmes, il y a des gens qui ne sont pas nés spirituellement en Christ, qui n'ont pas haï le mal, qui n'ont pas aimé Dieu de tout leur cœur et de toutes leurs pensées.
Tous ceux que l'Église orthodoxe accepte sans baptême sont tous des chrétiens – des frères orthodoxes en Christ, et l'attitude à leur égard doit être particulièrement fraternelle, aimante. Nous disons surtout parce qu'il faut avoir une attitude fraternelle envers tous les peuples. Comment un orthodoxe peut-il convertir quelqu'un à la foi s'il n'y a pas d'amour pour lui ? Comment connaîtra-t-il cette foi d'amour s'il ne voit pas l'amour chez ceux qui le prêchent ?
L'orgueil est abominable devant Dieu, et maintenant nous, les orthodoxes, comprenons non seulement les péchés de la chair, mais aussi ceux de notre esprit. "Vous dites: je suis riche (lisez:" orthodoxe "- note de l'auteur), je suis devenu riche et je n'ai besoin de rien, et vous ne savez pas que vous êtes misérable et pauvre, pauvre, aveugle et nu" - dit Dieu aux fiers orthodoxes un homme qui n'a pas d'amour (Apoc. 3:17).
Viendra-t-il ce temps béni où l'orthodoxie authentique brillera chez ceux qui portent son nom ?! Quand la douceur, la miséricorde, la pureté et l'amour sans hypocrisie du Christ pour chaque personne et pour chaque créature brilleront-ils ? Aujourd'hui, la foi orthodoxe brille dans le martyre du peuple russe. Cependant, la véritable orthodoxie non hypocrite est également glorifiée chez certains sectaires - martyrs et confesseurs, ainsi que chez les catholiques romains, persécutés et torturés pour leur foi en Christ. Et il est devenu célèbre beaucoup plus purement et saintement que dans les milliers d'êtres chaleureux et lâches qui n'ont que le nom - comme s'ils étaient vivants (Apoc. 3 : 1), mais en fait ils sont des adeptes morts de notre enseignement purement dogmatique. .
Ici, notre Orthodoxie n'est qu'un reflet, qu'un écho de l'Orthodoxie céleste, de sa vérité éternelle et de ses perfections éternelles. Dogmatiquement, elle se reflète purement dans les enseignements de l'Église orthodoxe, mais elle est esprit et vie, et n'a pour fruit que la vie. L'orthodoxie est un bon fruit, et un arbre ne doit être jugé que par ses fruits, par les résultats de sa floraison. La fleur peut ne pas être belle, les feuilles peuvent être piquantes et sèches, l'arbre peut être bas et peu attrayant, même s'il est abattu… Cependant, si son fruit est sucré, pur et nutritif, alors l'arbre est orthodoxe dans sa fécondité. . Inversement, même si les fleurs et les feuilles sont magnifiques, même s'il s'agit d'un arbre immense et merveilleux, mais si son fruit est immangeablement amer, vénéneux ou insignifiant, cet arbre apparemment proéminent ne révélera rien de la vérité de l'orthodoxie. Et ce sera dommage s'il commence seulement à se démarquer et à s'exalter au-dessus des autres arbres.
Mais qu'est-ce, en effet, que l'esprit de sectarisme contre lequel nous devons nous armer par la prière et la sobriété ? Cet esprit est un esprit de jalousie spirituelle (pas spirituelle). C'est la rationalisation de la foi, la préservation de la pureté de la foi et la perte de sa profondeur. C'est la perte de l'amour. Certains orthodoxes défendent leur orthodoxie de manière sectaire, utilisant des textes des Écritures ou des canons comme des bâtons, défendant des sectaires ou leurs orthodoxes (exemples en sont les schismes anciens et modernes), défendant leur foi sans espoir en Dieu, sans amour pour l'homme. A l'inverse, chez certains sectaires, l'esprit orthodoxe se manifeste dans un domaine ou un autre. Par exemple, concernant l'incompréhension de la communion avec l'Église céleste (avec les saints), tous les sectaires "ne reconnaîtront pas" cette communion et ne souhaiteront pas se joindre à son expérience spirituelle, rejetant fièrement cette communion, mais l'un d'eux réprimandera les orthodoxes pour leur "idolâtrie", et un autre "abandonnera le jugement de Dieu" et ne priera que docilement pour l'illumination de ses frères orthodoxes de la lumière de la vérité. Tous deux seront en dehors de l'expérience de la communion orthodoxe avec l'Église céleste, mais l'un des deux (le premier) sera non-orthodoxe et l'autre orthodoxe, et - quelle que soit leur foi non-orthodoxe - peut-être s'avérera-t-il plus Orthodoxe devant Dieu qu'un Orthodoxe qui communique avec les saints purement extérieurement - rituellement, sans toutefois agir dans sa vie selon les commandements de l'Evangile et sans lutter avec son cœur pour l'esprit des saints.
Nous sommes tous coupables. "Il n'y a pas de juste" (Rom. 3:10) - et cela doit être compris. Et non pas pour se juger, mais pour s'entraider, pour apprendre la justice les uns des autres. Combien de barrières tomberont alors !
Si le Seigneur s'était limité aux lois du salut qui sont claires pour notre esprit humain, nous péririons tous. Ce n'est pas le cas du bonheur humain incommensurable. Les lois du salut de Dieu sont plus larges que notre compréhension, ou plus précisément, plus profondes. Car, le Sauveur est Seigneur, et nous – le peuple – sommes une créature insignifiante et misérable devant Dieu. Et « toute notre justice est comme un vêtement souillé » (Is. 64 : 6)… Toute notre orthodoxie est en effet « comme un vêtement souillé ».
