Pour la première fois depuis le début de la guerre, l’avenir de l’Ukraine est envisagé. Une conférence internationale de haut niveau s'est tenue à Paris sur la manière de mettre fin à l'effusion de sang.
La conférence a été organisée à Paris Business School le 24 octobre 2023 avec d'éminents intervenants, experts, chercheurs et journalistes. Elle était animée par Frédéric Encel, professeur de géopolitique à Paris Business School et Sciences Po avec comme principaux intervenants l'ambassadeur Gérard Araud, ancien diplomate français et Jeffrey Sachs, économiste américain et professeur à l'université de Columbia.
Ambassadeur Araud a souligné que la guerre en Ukraine nécessite une diplomatie difficile à comprendre pour les Européens. Il a évoqué le précédent, le modèle sud-coréen de cessez-le-feu et le gel du conflit comme solution possible.
Il a également rappelé que toutes les frontières de l'Europe d'aujourd'hui sont le résultat de différentes guerres et que dans chaque guerre il y avait un camp attaquant et un camp défenseur. Il est remarquable que l’ambassadeur voit de bonnes chances que la guerre cesse après la victoire de Donald Trump aux élections, ce qui est un scénario probable pour les prochaines élections américaines.
Christophe Gomart, un général et chroniqueur respecté s'est associé à l'analyse de l'ambassadeur Araud en examinant la situation d'un point de vue militaire et en considérant les potentiels de l'Ukraine et de la Russie. L’Ukraine est détruite et épuisée, même si elle garde un bon moral, mais les capacités russes semblent plus élevées malgré l’aide occidentale à l’Ukraine.
Gaidz Minassian, professeur à Sciences Po et journaliste au Monde a comparé la guerre ukraino-russe au conflit entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan et combien cette guerre a eu de nombreuses répercussions sur d'autres conflits dans la région et la nécessité de mettre fin au conflit pour stabiliser la région.
Manel Msalmi, le président de l'Association européenne pour la défense des minorités et chercheur en relations internationales à Bruxelles a souligné que l'Ukraine devait lutter contre la corruption et l'insécurité alimentaire. Elle a souligné la destruction en cours de l’Ukraine et la souffrance humaine. Manel Msalmi a également soulevé la question du niveau croissant de corruption en Ukraine, qui est désormais largement débattue aux États-Unis. Et elle a ajouté : « Nous devons nous poser une question : pourquoi les moyens diplomatiques sont-ils si faibles ? Pourquoi ne pas utiliser les moyens de négociations pour arrêter la guerre ? Pendant ce temps, l’Ukraine est en train d’être détruite. La guerre déstabilise le monde et élimine l’Ukraine ».
Professeur Jeffrey Sachs, L'économiste américain et professeur à l'Université de Columbia a rejoint la discussion via zoom. Il a déclaré à maintes reprises que cette guerre aurait dû être évitée. Malheureusement, il y a eu des occasions de négocier, mais les États-Unis essayaient d’élargir l’OTAN à tout prix sans tenir compte des préoccupations russes. Aujourd’hui, l’Ukraine est en train de perdre non seulement en sacrifiant des centaines de milliers de personnes, mais aussi en perdant peut-être sa souveraineté. Il s’est montré très critique à l’égard de la politique américaine actuelle. Il a insisté sur la nécessité de trouver le moyen de mettre fin à la guerre par la négociation.
Le dernier orateur était Gérard Chaliand, géopolitique, écrivain et lauréat du prix du livre de géopolitique. Il a chaleureusement félicité le professeur Sachs et a souligné la nécessité d'arrêter la guerre et de sauver la vie du peuple ukrainien, mais il a également remis en question la poursuite des fournitures militaires à l'Ukraine.
La conférence s'est terminée par une série de questions des étudiants désireux d'échanger avec les experts.
Il s’agit du premier événement de ce type susceptible de susciter de nouvelles discussions et d’ouvrir les yeux.
